L’histoire de Conor Cummins

Ils sont, encore plus que les pilotes sur circuit comme les légendaires Valentino Rossi ou Giacomo Agostini, les véritables esprits de la route sur deux-roues. Ils sont ceux qui prennent tous les risques sur le bitume, sillonnant à plusieurs centaines de kilomètres à l’heure entre les arbres, les maisons et les trottoirs. Ils sont ceux qui jouent leurs vies à chacune de leurs courses, et ils sont ceux qui, bien souvent, paient le plus fort des prix pour leur résolution à courir partout, même sur les parcours les plus dangereux. Ce sont les pilotes sur route. Conor Cummins est l’un d’entre eux. Il n’est ni le plus connu, ni le plus titré, mais il illustre parfaitement l’esprit de ces têtes brûlées que les braves gens traitent de fous, mais qui ne le sont tellement pas.

Il est, comme Obélix, tombé dedans quand il était tout petit. Il est né en Mai 1986, sur l’Île de Man, théâtre de la plus prestigieuse et la plus technique des courses sur route, la Tourist Trophy de l’Île de Man. Et comme si cela ne suffisait pas, il est né durant l’édition 1986 du Tourist Trophy (ou TT pour les intimes) et n’est autre que le rejeton de Billy Cummins, biker professionnel qui sillonne toujours aujourd’hui les routes du monde. En 2006, à l’âge de 20 ans, tout juste passé professionnel, Conor Cummins participera à son premier Tourist Trophy et y remportera le prix de Révélation de la course.

S’il s’est illustré sur bien d’autres courses, c’est curieusement sur cette minuscule île entre l’Ecosse et l’Irlande que ce sont joués les plus grandes victoires et les plus grands drames de sa vie, aussi bien personnelle que sportive. Ainsi, en 2009, il terminera 2ème du TT, ce qui est toujours son meilleur résultat à ce jour et ce qu’il estime être le plus beau résultat de sa carrière. Il enchaînera avec de nombreuses victoires en 2009 et 2010 avant l’édition suivante du TT, qui le verra être victime d’un terrible crash qui le laissera avec un bras gauche en charpie, un genou disloqué et des ligaments déchirés alors qu’il était en seconde position juste derrière le leader.

Il lui faudra 9 mois de repos complet, et de sérieuses questions sur la suite de son avenir, avant de le voir peu à peu retourner à la compétition. Mais comme tout biker qui se respecte, Conor a toujours assuré que l’incertitude qui entourait son futur était uniquement physique et non mentale. Il a toujours voulu remonter sur une selle, mais n’était jamais sûr que son corps puisse se remettre suffisamment pour cela.

Un superbe documentaire, intitulé Closer To The Edge, retrace les motivations et les philosophies des participants au Tourist Trophy de l’Île de Man, et a été tourné durant l’édition 2010 et l’histoire et l’accident de Conor Cummins en font grandement partie. Narré par Jared Leto, le film nous emmène aussi à la rencontre de la veuve de Paul Dobbs, mort lors de cette même édition, comme environ 200 autres pilotes avant lui sur les routes traîtresses et humides de la petite île britannique.

Passé chez Honda en 2016, et sponsorisé par PokerStars depuis presque ses débuts, Conor Cummins rêve toujours d’enfin remporter une course du TT, auquel il continue de participer chaque année. Mais surtout, de par son abnégation et sa passion de la course sur route, il montre à tous les motards le chemin à suivre en termes de persévérance et d’engagement. Malgré les obstacles, malgré les dangers, malgré les blessures, rien ne l’arrêtera jamais de vivre sa passion au jour le jour, même si le monde entier lui conseille de se ranger. Car le monde entier ne comprend pas, et ne comprendra peut-être jamais, l’esprit d’un vrai motard.

 

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